cyclibre

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Grèce


Sur la route d'Ulysse

Le chemin qu'on nous a indiqué n'est pas sur la carte.
C'est une piste caillouteuse et pleine de trous qui longe la mer en direction d'Alexandroupolis; la voie des dieux, des déesses et de la magie bordée d'anciennes ruines grecques et d' oliviers multicentenaires.
La piste commence juste après la grotte de Maronia où Odysseus aurait crevé l’œil du cyclope Polyphemus. Le monstre, fort énervé par la perte de son unique œil voulu connaître le nom de son bourreau.
Mais Odysseus ne voulant pas dévoiler son identité lui dit : « Mon nom est Nemo » ( Nemo veut dire personne en latin).
Le cyclope éborgné par "personne" ne fit plus jamais de mal à quiconque.

L'endroit est fabuleux et surplombe une étroite vallée entièrement couverte d’arbrisseaux verts et épineux. Dans le fond coule une petite rivière.
Les sommets de la rive gauche sont surmontés de falaises en granit blanc et sur la rive opposée pousse une forêt de pin.
Le calme, le silence est intense et profond; de l'endroit irradie une énergie quasi palpable, une sérénité mystique.

Au matin, les moutons broutent autour de nos tentes. Le berger nous
propose une petite clope matinale.
« Alors bien dormi ? Pas eu trop froid ? »
« Oh oui une nuit merveilleuse, et non pas trop froid. C'est si beau ici !»
Il nous indique la direction de la grotte et continue son chemin parmi les arbres.

L'entrée est fermée par une grille métallique surmontée d'un panneau : "entrée interdite - danger".
Qu'à cela ne tienne, l'espace entre la roche et le haut de la porte est assez large pour nous y faufiler.
Nous errons dans de grandes salles séparées par d'étroits boyaux humides et glacés.
Les chauves souris volent en zigzag entre les stalactites et poussent des cris aigus.
Il faut suivre le fil d'Ariane à la faible lueur de la lampe de poche pour ne pas se perdre dans ce dédale souterrain.
Nous sentons le souffle rauque du cyclope sur nos nuques, la vibration de ses pas raisonne dans l'obscurité.
Vite, la sortie, le soleil et la lumière, l'air libre!
Le monstre ne se montre pas mais il nous observe depuis les ténèbres.

Le sentier des dieux est parsemé de ruines antiques et de rochers mystiques.
Il serpente tantôt à flanc de falaise au dessus des flots, tantôt dans les terres, au creux d'une vallée ou au sommet d'une colline.
L'air sent le thym qui pousse en gros bouquets hémisphériques sur le sol aride.

Un soleil rouge sang se couche sur la mer scintillante.
La nuit claire et blanche vibre... C'est mon anniversaire.

Sur les bords du chemin les branches d'oliviers se courbent, se mêlent et s'entremêlent, donnent l'illusion de corps enlacés.
Ça et là entre les arbres on entrevoit de gros rochers blancs et galbés, certains couchés, d'autres debout, déposés là en équilibre pour l'éternité.
Une minuscule tortue vit dans le marais, elle sort la tête hors de sa carapace et nous salue.
Le chemin sacré se termine subitement et rejoint la route d'asphalte.


17/02/2014
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