cyclibre

cyclibre

Kaya

La route numéro 5 quitte la ville vers l'Est. Après une dizaine de miles, l'ancienne route s'engage vers la gauche dans des forêts cultivées.

A l'embranchement, un grand groupe de keufs armés nous regarde passer sans broncher. C'est bon signe.

Ils sont partout. Un petit drapeau rouge ondulant au bout d'un bambou indique la présence d'un militaires armé jusqu'aux dents planqué dans les fourrés. Certains nous observent sans sourciller d'autres se contentent de hocher presque imperceptiblement leur visage casqué.

A l'épicerie, au creux de la vallée, nous prenons de l'eau. Le marchand nous offre des bananes.

"Hot Hot" dit l'homme au large sourire. Il montre le soleil au zénith et nous fait comprendre qu'il est midi, et à midi on fait la sieste et sûrement pas du vélo dans la montagne.

Sa femme arrive, le sourire plus grand encore que celui de son mari. Un sourire fin qui s'élargit sur le côté sous de jolies pommettes saillantes et découvre des dents rouges et rongées par le bétel.

En langue des signes et avec ce qu'on capte de birman elle nous dit de lâcher ce putain de vélo énorme et de prendre une moto ou de rentrer à la ville. Et tout le monde rit. Nous restons une petite heure avec eux puis repartons sur le bitume noir qui manque de fondre dans la montée.

Plus haut, nous embarquons dans un camion plein de mille marchandises, et de quatre ou cinq passagers vautrés entre des sacs de riz et d'échalotes. Les vélos chargés, nous prenons place sur les gros sacs blancs et observons le paysage grandiose qui s'offre à nous. Des montagnes immenses couvertes d'une jungle dense et d'un vert presque fluorescent. Les bidons d'essence empilés juste devant notre nez nous enivrent de leurs vapeurs odorantes. Le camion roule, stop, décharge, et charge de nouvelles marchandises, de nouveaux passagers.

Le copilote rumine son bétel. A chaque arrêt il pose une cale en bois sous les roues pour éviter que le véhicule ne valse dans ces pentes incroyables.

 

DSCF0126.JPG

 

A Leitho, nous suivons deux demoiselles qui nous escortent jusqu'à la grande église pour passer la nuit. 

Le gouvernement fournit l'électricité de 20 à 22 heures. Pendant ce laps de temps, la vallée est toute éclairée. L'église blanche resplendit sous les spots et le temple bouddhiste d'en face s'illumine de mille feux.

La route continue son ascension dans les montagnes. Elle serpente dans la roche et la terre rouge sous un toit de végétation luxuriante, des arbres énormes, des fougères gigantesques, des lianes, des feuilles larges et plates. Tout est plus grand, plus vert. Tout vit, meurt, renaît dans un cycle rapide et continu.

Thank Ye Khat, un petit village sorti de la jungle. Le père abbé est de sortie, sûrement du côté de Leitho où les ordinations ont lieu le 25 mars.

On nous emmène néanmoins à l'église et nous attendons la mère supérieure dans le bâtiment adjacent, où vit le père Matheo.

La pièce est pleine de photos et d'images. On y voit les mêmes vieux prètres, ornés de longues barbes et de cheveux crépus que dans l'église de Leitho. Ce sont sans doute les quatre plus anciens de la vallée.

Des gens pausent devant l'église, le groupe de la paroisse... On reconnaît certaines têtes vues la nuit précédente. Le père Mathéo qui serre la main du pape, la mère supérieure sur un calendrier, de vieilles représentations... 

 

_MG_6184.JPG

 

La vie est a l'ancienne dans ce coin reculé. Pas d'électricité, l'eau courante ne fonctionne plus, on se lave dans des seaux et on s'éclaire à la bougie.

Un courant d'air et la flamme ondule doucement. Les ombres dansent sur les murs chaulés, une tarentule disparaît dans une infractuosité. De grosses batteries de voiture permettent aux filles de regarder en boucle l'unique DVD Coréen dont elles raffolent. Et Loris, le fils de la famille se moque d'elles. "It's shit but they like it..." nous dit il en haussant les épaules. 

 

DSCF0162.JPG

 

Jour de pêche. Nous embarquons une grosse batterie et un transfo dans un sac de fibre tressée. Les pôles électriques sont fixés au bout de deux tiges en bambou.

A la rivière, nous ne somme pas les seuls à chercher des protéines. Des femmes et des enfants chipotent dans les rochers avec de grands paniers d'osier, ils grattent le fond, soulèvent les pierres, creusent, raclent à la recherche de petits poissons, grenouilles ou crustacés.

D'autres, armés de petites vitres transparentes observent le fond et cherchent la petite bête. Un jeune type plonge avec un masque et un harpon.

Nous sommes sans aucun doute les plus efficace avec notre attirail technologique! L'anode est pourvue de deux petites tiges métalliques et la cathode d'un filet. Les poissons sont choqués par la décharge et sont littéralement figés dans leur mouvement. Il dérivent alors tout droit dans l'épuisette. Nous ramassons en outre quelque plantes sauvages pour accompagner la chair fraîche.

Le dîner de la jungle est un régal.

Merci!

 



09/04/2015
5 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Voyages & tourisme pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 23 autres membres