cyclibre

Le soleil brille, je remonte Sovietskaya. 
Les rayons se reflètent dans les verres crasseux de mes lunettes et m'éblouissent. 
La neige devenue glace fond et fait place à de grandes flaques d'eau sombre, à des trottoirs boueux.

Au coin de Moskovskaya, un homme expose, sur une charrette en bois, de gros poissons tout raides et gelés, aux larges écailles saillantes . 
A côté, une dame propose des épis de mais cuits. En face une jeune fille vend toute sorte de vieux livres et des branches de conifères sèches qui, brûlées, dégagent une agréable odeur d'encens. 
Plus loin, sur le petit muret qui borde le trottoir sont exposées toute une panoplie d'herbes sèches emballées dans des petits sacs de jute; pharmacopée que surveille une grand mère en tricotant une écharpe bleue.
Sur la gauche, la vendeuse de chaussettes discute avec le type qui vend des airelles.

Je longe les bureaux de change et je croise le vieux à l'accordéon; il ne joue jamais et reste du matin au soir au coin de Bakoumbaeva. 
Comme d'habitude il est emballé dans ses couvertures et couvert d'une bâche en plastique transparente. Seul son chapeau et son petit bocal à monnaie dépassent hors de ses multiples couches.

Plus loin, devant l'administration, les trois voitures de police sont là. Comme tous les jours, les agents se font manifestement chier et discutent devant leurs Ladas rangées sur le parking.

Je continue et je prends le petit sentier qui passe sous le chemin de fer puis tourne à droite sur Lev Tolstoy. 
Un homme fait un feu au bord de la route derrière la cahute du transformateur électrique.
La route longe les rails bordés par des garages, des entrepôts et une pompe à essence.

Enfin j'arrive à la maison, j' engage la clé magnétique dans l'espace adéquat. Un petit bruit électrique tzzzzit et j'entre dans l'immeuble. 
Cinquième étage, je pousse la porte.
"P'tit chien" m'accueille en sautillant de tous côtés. Il mordille mon pantalon , pousse des gémissements, s'allonge, colle son museau au sol, surélève son arrière train, se trémousse de gauche à droite. Sa petite queue noire s'agite frénétiquement.
Ce "P'tit chien" est super cool mais il s'acharne a conchier notre plancher tant qu'il peut.